The Torture Report (Scott Z. Burns – 2019)

*7/10/20*

Sur les conseils de Melvin Zed j’ai regardé aujourd’hui « The Report » de Scott Z. Burns sorti l’année dernière, traitant du fameux rapport conduit par une sénatrice démocrate pour faire la lumière sur les « techniques d’interrogatoires renforcées » (comprendre tortures, hein, justement, c’est le mot qui est barré sur l’affiche de film) utilisées par le CIA après le 11 septembre pour arriver des années plus tard à l’opération Neptune’s Spear, c’est-à-dire la mort de Ben Laden dans sa maison fortifiée.

On avait eu un petit débat avec l’ami Melvin sur la légitimation de la torture (ou non) qu’on pourrait comprendre dans le Zero Dark Thirty de Bigelow sorti en 2012. Je trouvais le film factuel, en apparence plutôt honnête en ne tranchant pas sur la question, et offrant un final tout sauf patriotique « on a gagné sale terrorisssssss » avec une héroïne en pleurs, seule perdue à l’arrière d’un avion cargo militaire immense, métaphore facile mais efficace de ce petit bout de femme qui avait été le moteur d’une opération historique (au sens propre hein) mais qui la laissait finalement comme tous les autres acteurs de cette histoire: des outils jetables et détruits au milieu d’un système froid et plus grand qu’eux.
SAUF QUE…
Je passe tout de suite sur la qualité formelle de The Report, qui est terne, sans idées et purement téléfilmesque dans ce qu’elle a heureusement de moins pénible: une caméra posée comme il faut pour qu’on puisse suivre la seule chose importante du projet: le fond. Pour la peine, on est à 1000 km… pardon… 621,371 miles du génie d’une Bigelow et d’un Pakula, dont l’ombre des Hommes du Président plane évidemment tout le long de ses 2 heures finalement convenablement tenues.
Je disais donc, SAUF QUE…
The Report est très clair: les tortures n’ont jamais servi à faire avancer aucun schmilblick, pas plus pour la mort de Ben Laden que d’autres cas de contre-terrorisme dans les années précédentes, puisque même un rapport interne à la CIA en tirait la conclusion – rapport qui aurait été mis sous le tapis aussitôt finalisé.
Je ne me prétends absolument expert en quoi que ce soit sur ces sujets, évidemment. Mais au-delà de la fascination que j’ai pour ce genre de sujet et de comment le ciné US ose (ou pas) les traiter, le cinéphile en moi en revanche lui a UN PEU LES BOULES.
Parce que si tout ce qui est dit dans « The Report » est correct, l’ambivalence et la neutralité apparente que j’avais aimées dans Zero Dark Thirty n’ont pas lieu d’être: le film ne serait donc PAS un constat factuel sur comment un pays conduit une guerre avec, disons au pif, 50% des spectateurs qui seraient « pour » la torture dans le cadre d’un contre-terrorisme » et 50% qui seraient « contre », le film pose une question qui n’avait même pas à être posée dans ce cas précis ! Et donc potentiellement convaincre même indirectement une partie de son public à être « plutôt pour » sur un mensonge clair et net, ça pose un PUTAIN DE PROBLÈME.
Semblerait même que le scénar du film de Bigelow ait été orienté en ce sens malgré eux à base de fausses infos qui auraient volontairement leakées de la CIA et que les scénaristes se seraient empressés d’intégrer à ZDT pour que justement, les tortures puissent être potentiellement… « acceptées » par l’audience.
Bref je n’ai pas approfondi le sujet (pour l’instant), mais c’est passionnant putain.
Enfin, pour ceux comme moi que ça intéresse aussi de voir les copinages aussi douteux que fréquents entre la production hollywoodienne et les gouvernements US successifs, jetez-vous sur les articles fournis et passionnants de Melvin sur le sujet:

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