Kaamelott: Premier Volet

*11/08/21*

Tiens, je viens de me souvenir qu’on est allé voir ce truc, il y a 2 semaines.

La première chose plutôt cool est que c’était pas vraiiiiiment chiant, ce qui m’a beaucoup surpris. J’ai du regarder les 4 premiers livres quelque chose comme 20 fois et qu’on le veuille ou non, Astier a créé comme Michel Audiard une langue à lui depuis 2005, et une langue drôle (souvent) comme balourde (parfois). Kaamelott est devenue une référence populaire dont je fais partie des pratiquants, et j’ai passé une messe somme toute pas désagréable en salles.

Mais merde – et j’enfonce des portes ouvertes en disant cela je le sais – Kaamelott c’est surtout un format télévisuel calibré: montage ultra cut et répliques cinglantes pendant 4 minutes, point, ce qui n’empêche pas de trouver que son mélange entre humour potache et drame latent restait assez exceptionnellement bon dans le cadre restreint du PAF, surtout quand on se rappelle qu’à l’époque on se cognait en parallèle les grosses merdes que sont « Caméra Café » ou « Un gars, une fille ».
Mais tel Arthur s’entourant de manière quasi suicidaire de branquignoles débiles pour chercher le Saint Graal, Astier s’arme des pires outils télévisuels pour tenter le passage au grand écran sans avoir l’air une seule seconde de se poser la question si une salle de ciné ne mériterait pas un peu mieux.
À aucun instant pendant ces 2 heures de « film » payées 12.20 euros je n’ai vu un moment de cinéma. Ce qui marchait à la télé pour un format court montre ici tous les travers d’un mec qui pense qu’il sait tout faire. Cet alignement de longues focales dégueulasses et de caméras qui n’arrêtent pas de bouger en cercle Whedon-style pour feinter une quelconque action narrative est non seulement vain et moche, mais c’est surtout anachronique puisque les blockbusters les plus cons font ça depuis le début du 21ème siècle et ont prouvé la vacuité formelle de ce genre de « mise en scène ». Astier n’est pas un réalisateur, et c’est fascinant de le voir passer au grand écran pour le confirmer une fois pour toutes. J’ai eu l’impression de voir un soliste montrer son talent avec un instrument désaccordé.
Les décors sont constamment floutés par cette putain de longue focale qui fait sans cesse l’aveu que pour Astier, tant que le personnage qui cause est net à l’image, tout va bien.
Les acteurs défilent à la queue leu leu dans des saynètes de 2-3 minutes (particulièrement au début) pour faire du fan service au milieu d’un scénar’ oscillant entre une connivence flemmarde et intrigue molle repompant ce qu’on a déjà vu il y a 15 ans (Arthur, le trône, l’épée, Lancelot, …). Lancelot qui est d’ailleurs ridiculisé dans le fond comme dans la forme (c’est quoi cet accoutrement de merde ? – je sais que ce choix va s’inventer une cohérence dans les suites mais là on a juste l’impression que le mec se tape un lumbago généralisé). Astier a toujours eu l’habitude de faire de ses personnages « concepts » des idiots pour mieux avoir l’air intelligent, lui. Si ça pêchait déjà dans les premiers livres, le voir nous ressortir les mêmes artifices en salles devient carrément triste.
Il n’y pas UN SEUL PLAN pendant ces 120 minutes. Je ne sais pas quelle est la formule magique pour concilier son histoire épique et la trame intimiste qui l’accompagne, mais il est certain qu’à un moment il fallait faire un choix formel qui soit à la hauteur de la grande ambition de Mr. Astier. Tout ça symbolise une triste réalité d’un certain cinéma français contemporain: une histoire débitée par des acteurs plus ou moins bons se moquant éperdument de toute pensée visuelle. Tout ce qui n’est pas littéralement DIT n’a aucune importance du moment que le personnage est net et en HD.
Le cinéma n’a malheureusement pas de super pouvoir intrinsèque venu des Dieux, et on n’écrit pas une légende en empilant des images estampillées M6.
« Kaamelott: Premier Volet » n’est donc pas un mauvais film, puisque ce n’est même pas un « film ». C’est juste un épisode trop long et pas très frais qui a couté 15 millions d’euros.

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