The Bond of the living dead
Pendant 15 ans, l’agent secret incarné par Daniel Craig aura tenté de survivre à la plus périlleuse des missions de sa longue carrière: garder la forme dans le système hollywoodien. La franchise aura constamment dansé sur le fil du rasoir, tiraillée entre sa longévité exceptionnellement rentable et son aura historique empêtrée dans le passif (am-)moral de l’ancien Bond.
Depuis 2006, on aura donc tout eu: du très bon (Casino Royale), du sublime (Skyfall), du raté (Quantum of Solace) et même du vide (Spectre). Quatre films freinés ou magnifiés par leur contexte social, économique et artistique, de l’affaire Weinstein à la grève des scénaristes en passant par des nouvelles formes visuelles et des audaces narratives de pertinence variable.
« Mourir peut attendre » n’est rien de tout ça. Ou plutôt… il est tout ça à la fois. Un monstre hybride et un équilibriste fébrile qu’un liant bancal voire mortifère tente de maintenir debout pendant 160 minutes. Cela donne un film qui fait mine de se ré-inventer mais qui au fond trahit le socle sexagénaire sur lequel il s’appuie, dont il ne sait que trop bien ce qu’il devrait – et va – faire.